« So just give it one more try to a lullaby. » [ft. Jim]

Il était peut-être temps que je me remette en question. Il était peut-être temps que je change aussi de fréquentations. J'y avais pensé récemment, et je me demandais ce que j'attendais pour changer la situation. Les événements me dépassaient complètement, et je me demandais si j'avais fait les bons choix. Il fallait peut-être que j'écoute mes sœurs et que je change ma façon d'agir et ma façon de faire. Qu'est-ce que mon père penserait de la réputation que j'étais en train de me créer ? Pire encore, qu'est-ce que ma mère penserait, celle qui, après quelques jours de ma naissance, avait disparu, pensait si elle pouvait me voir de là où elle était ? Rien qu'à cette pensée, j'eus un frisson dans le dos. Il fallait réellement que je me reprenne.

Je regardais la nuit tombée, assise sur le rebord de ma fenêtre, une tasse de chocolat chaud dans mes mains. Il faisait encore froid, même si le printemps arrivait à grand pas. Je voyais la buée se former sur la vitre à chacune de mes respirations. On m'avait demandé si je voulais sortir. Non. Pas ce soir. Pas cette nuit. Je voulais être seule. Juste seule. Reprendre mes repères et, pourquoi pas, repartir à zéro. Après tout, rien ne m'en empêchait. Il fallait juste que j'arrive à prendre sur moi. Ça ne devait pas être si difficile. Après tout, certaines personnes y arrivaient bien.

Je finis ma tasse avant de me lever. Fouillant un peu dans mon armoire, je pris un sweat à capuche. Après l'avoir mis, je descendais dans la cuisine afin de laver ma tasse et la ranger. Quant à mon père, se dernier se trouvait assis face à sa tasse de café posée sur la table. Je sentais son regard posé sur moi. Je savais ce qu'il pensait, ce qu'il me reprochait sans même savoir si se serait le cas ce soir. Je me retournais, un sourire rassurant affiché sur mes lèvres. Et, étrangement, je sentis que mon père se calmait. Qu'il comprenait que ce soir, je n'irais pas faire n'importe quoi.

« Je sors. J'ai besoin d'être un peu seule. »

Juste après avoir prononcé ces mots, je lui déposais un bisou sur la tête et partis dans l'entrée pour mettre mes chaussures. Où allais-je ? Je n'en avais aucune idée. J'avais juste besoin de sortir. Prendre l'air. Lorsque je passais le pas de la porte, je mis ma capuche avant de continuer ma promenade. Aussi étrange que ça pouvait l'être, j'avais toujours été attirée par la mer. Et, ce soir, j'avais envie de me retrouver face à cette étendue d'eau. J'avais besoin de ça. Pourquoi ? Je n'en savais rien. La mer avait toujours été un grand mystère pour moi.

C'est perdue dans mes pensées que j'arrivais sur la plage. Enlevant mes chaussures puis mes chaussettes, j'allais longer la plage, les pieds dans l'eau. Je me souvenais des jours passés à la plage lorsque nous étions enfants mes sœurs et moi. Nous passions notre temps à jouer, à rire de tout et de rien et surtout à chanter à tue-tête. Chanter. Combien de temps, n'avais-je pas fredonné une chanson ? Je ne serais le dire. Et c'est à ce moment qu'une chanson me revient en tête. Une chanson que des amis m'avaient fait écouter et que j'écoutais assez souvent. Sans m'en rendre compte, j'avais commencé à la fredonner.

« So close your eyes. Oh, honey here comes a lullaby. Your very own lullaby. Oh, honey here comes a lullaby. Your very own lullaby. »

Je me tu. Je venais seulement de me rendre compte que j'avais chanté les dernières paroles de la chanson. Mais, surtout, je venais de réaliser que je n'étais pas seule sur la plage. Plus j'avançais, plus je pouvais voir son visage. Non. Non. Pas lui. Je ne lui avais pas vraiment reparlé depuis la dernière fois. Qu'est-ce que je pourrais lui dire ? Que je voulais le détester ? Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire enfin ? Et pourquoi, ne pas, tout simplement, passer à côté de lui sans rien lui dire. Pour la première fois, depuis un moment, je me retrouvais face à Jim.