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| Sujet: Les gribouillages d'un homme Sam 14 Fév - 20:49 | |
| Coucou, Si vous êtes ici c'est que vous voulez lire les quelques écrits que j'ai posté sur le forum ou que vous vous êtes perdus mais attendez avant de cliquer sur Précédent. Vous trouverez ici différents écrits, de différents genres littéraires et avec des thèmes variés. Y a même des textes courts comme de la poésie alors n'hésitez pas à lire, ça vous prendra vraiment pas longtemps. Surtout, si vous lisez, n'hésitez pas à me faire part de vos retours, positif et négatif, même si cela vous semble inutile. En tant qu'écrivain, avoir des retours, c'est juste génial. Allez, le blabla c'est fini, let's rock ! - Poèmes:
- Le chant de la vie:
Silencieux, et éphémère. Pour l'entendre, Il faut écouter le souffle de la mort. Elle est tapie dans l'ombre, tel un loup qui dort, On sait qu'elle est là, mais on ne peut s'en défendre.
La vie, une lumière éblouissante qui s'efface, Peu à peu. Puis un jour, il ne reste plus de trace. De ton existence passée, une parcelle subsiste, Dans le coeur des gens, pour que ton esprit résiste.
La vie n'est pas calme et merveilleuse Son chant est saccadé et crescendo. Celui de la mort est calme et doux comme l'eau. La mort est trompeuse; la vie est bien plus mélodieuse.
La vie et la mort, ces deux mots forment une union. Mais on ne peux entendre ces deux chants à l'unisson. Vivre puis mourir, un cycle sans fin. Un équilibre stable mais c'est notre destin !
- Sombre esquisse:
Peinture d'un parfum tremblant d'été, Aux senteurs délicieuses et colorées. Arrière goût de fausseté, liberté éternelle ? Un ciel piqué de nuages noirs, obscure aquarelle.
Rescapée de ce lieu funeste, une fleur Grandit, s'ouvre puis s'épanouit. De ses vives couleurs, tout s'en trouve ébloui. Mais végétal fatal qui un jour se meurt...
Don précieux et immense, Si important mais pourtant Un éphémère instant qui se perd dans le néant, Marquant la fin d'un cycle, renaissant par la semence.
Perçant ce sombre présage, une lumière éclatante, Rayonnante comme le char du Soleil Et, poursuivant sa longue course flamboyante,
Lumière d'un astre qui marque la Terre et l'éveille. Eclaire le sol de par son éclat, Combattant les ténèbres tel un invincible soldat.
- Aurore:
La lumière du jour perçait l'horizon, Une douce lumière dans le ciel, s'éveille, Le souffle du vent m'évoque une chanson Lointaine et disparue aux mille merveilles.
Parfum de liberté flottant dans l'air, Odeur merveilleuse qui m'entoure De son aura pleine d'amour. Moment immortel et éphémère...
Le jour est la nuit Dans ce paysage étrange et magnifique. Je me demande encore si cette vision est réelle ou onirique.
L'eau, fraîche et tranquille, perlait mon front ébloui D'un vif éclat luisant dans l'obscurité mourante. Au creux du jour naissant, je contemplais la lumière latente.
- Nouvelles:
- Une semaine mouvementée:
Alors que son sang se répandait lentement autour de son corps meurtri, François se demanda soudain comment il avait pu en arriver là... Dire que toute cette histoire était tellement étonnante et complexe qu'il avait du mal à croire que tout ce qui venait de se passer ne s'était déroulé qu'en une seule petite semaine. Sept petits jours qui avaient été le compte à rebours de la fin de son existence. On raconte que l'on voit défiler sa vie devant ses yeux alors que l'on est sur le point de mourir et bien, François comprit que ceci n'était qu'un ramassis de bêtises. Dans son cas, il ressentait juste un lointain sentiment de mélancolie et de tristesse. Cependant, son esprit ne put s'empêcher de vagabonder et de revenir à l'origine de toute cette histoire, recoller tous les morceaux de ce qui s'était passé. Dimanche dernier, le soleil était déjà en train de se coucher quand le camion traversa la rue. Ce dernier marquait le début d'une nouvelle vie pour la famille qui s'installait dans le quartier calme et tranquille dans lequel habitait François, ses parents et son jeune frère. La voiture qui suivait le camion de déménagement était un vieux modèle, fiable mais extrêmement polluant. Jetant un bref coup d’œil à travers les vitres, il put percevoir 4 personnes. D'ailleurs, il crut apercevoir un jeune garçon à l'arrière, peut-être l'occasion de se faire un nouvel ami. Il faut dire que François avait beaucoup déménagé lors de sa jeunesse. Ses parents étaient des diplomates retraités et avec les voyages à répétition, il ne pouvait vraiment se poser quelque part. Il ne lui était donc pas difficile de comprendre ce que ce jeune garçon pouvait ressentir. Pourtant, ce fut une grande surprise pour le jeune adolescent lorsqu'il vit une jeune fille d'une quinzaine d'années descendre de l'arrière de la voiture, accompagnée d'un labrador. Cette jeune fille avait de longs cheveux bruns, quelques taches de rousseurs sur les joues et deux magnifiques yeux verts scintillants. Sans comprendre pourquoi, François sut que cette fille était extraordinaire. Malheureusement, sa timidité naturelle ne lui permit pas de faire le premier pas et le jeune homme rentra chez lui. Ses parents étaient dans la cuisine en train de préparer leur spécialité respective. La mère de François, Mia, se vantait toujours de faire le meilleur poulet aux piments au monde. A chaque fois que leurs deux fils mangeaient le plat maternel, ils ne pouvaient plus rien avaler pendant deux repas. De plus, Henry, le cadet, en perdait l'usage de la parole jusqu'au lendemain. Leur père, Sergio, préparait le dessert : la tarte aux pommes mielleuse. Pour ceux qui ne connaissent pas, cette tarte à base de pommes confites et de miel caramélisée était un véritable délice pour les papilles. Mais ce n'était pas le plus important... Henry se tenait devant la porte de la chambre de son frère, tenant un étrange objet dans les mains. Lorsque François reconnut le mystérieux ustensile, il se jeta sans ménagement sur son adversaire et lui déroba rapidement ce qu'il tenait entre les mains. L'objet en question était un étrange collier qui avait appartenu à l'oncle paternel des deux frères. Ce dernier l'avait remis à François avant de mourir et depuis, ce pendentif avait une grande valeur aux yeux de son nouveau propriétaire. Remettant son collier autour du cou et le cachant sous sa chemise, il se sentit étrangement serein, comme s'il venait enfin de récupérer une part de lui-même. Avant de pouvoir se venger, les deux garçons entendirent leur mère les appeler pour passer à table. Après le repas, François ne pouvait s'empêcher de maudire son frère. Feignant d'être malade, il avait esquivé le poulet de sa mère tandis que lui était assailli par de violentes crampes stomacales. Regardant par la fenêtre, il vit une mystérieuse ombre sortir du bâtiment des nouveaux voisins pour se diriger dans les profondeurs lugubres de la rue mal éclairée. Trop souffrant pour y prêter plus d'attention, il se dirigea vers sa chambre et s'endormit tout habillé sur son lit, grimaçant de douleur.
Lundi matin, nouvel semaine de cours et il était déjà en retard. Trop pressé, il oublia le collier sur la table de chevet. Les mots de ventre étaient toujours aussi fulgurants et la nuit avait été difficile. Décidément, le poulet aux piments, c'était pas son truc... Arrivant in extremis, il s'assied à sa place habituelle saluant au passage ses deux amis, Lionel et Jeff. Eux trois, ils avaient fait les 400 coups ensemble depuis son arrivée ici, il y a 3 ans. Mais le sourire du retardataire s'effaça immédiatement lorsqu'il vit que la nouvelle qui arrivait dans sa classe n'était autre que la fille qu'il avait aperçu la veille.
- Je vous prie d'accueillir, Marie et de lui faire bon accueil ! Il vient d'arriver chez nous hier et je compte sur vous pour la mettre à l'aise dans notre établissement et qu'elle puisse se sentir ici chez elle !
Le discours téléphoné de la professeur principale n'intéressait pas le moins du monde François. Il ne pouvait détourner son regard de la nouvelle élève. Il se sentait comme en train de dériver jusqu'à ce que sa rêverie soit dissipée par une craie blanche qui passa à deux centimètres de son oreille. Une mauvaise plaisanterie de Lionel... A la pause de la mi-journée, les trois amis se retrouvèrent ensemble pour déjeuner. Jeff était le plus futé des trois et passait son temps à corriger la conduite des deux autres. Lionel était le plus fourbe, toujours là pour faire une mauvaise blague pour se faire remarquer. François, quant à lui, était le plus impulsif et toujours hyperactif. Ce fut donc sans surprise pour ses amis que sans crier garde, il appela Marie pour l'inviter à manger avec eux. Cette dernière semblait ne pas savoir où se mettre et après un bref moment d'hésitation hésiter un instant, elle posa son plateau sur la table.
- Merci de m'inviter à votre table ! Je suis Marie mais vous le savez déjà ! Mais vous êtes qui ?
- Je m'appelle François et voici Lionel et Jeff, dit-il en les désignant à tour de rôle.
- Ravi de te connaître, Marie ! répondirent en cœur les deux autres.
Ce fut ainsi que les trois garçons accueillirent avec eux, une nouvelle amie. En l'espace d'une journée, le pacte tacite s'était fait et les quatre amis finirent par rentrer chez eux. Rapidement, François et Marie se retrouvèrent seuls sur la route. Le jeune homme se sentait bien en sa compagnie, ne comprenant quelle pouvait être la raison de cette allégresse qui le submergeait. Mais la fin du voyage était déjà arrivée et les deux amis se séparèrent et rentrèrent chez eux. Avant, ils se donnèrent rendez-vous le lendemain afin de faire la route ensemble. La soirée ne changea pas d'habitude, les moqueries de Henry, le repas du soir, les devoirs puis un peu de temps libre à tuer avant d'aller se coucher. Un craquement sinistre tira François hors de son sommeil. Ouvrant les yeux, il fut frappé de stupeur lorsqu'il se rendit compte qu'il n'était pas dans sa chambre. Il se trouvait au milieu de la rue, éclairé par l'éclat blafard des lampadaires. Pied nu sur la route goudronnée, il se sentait vulnérable. Il venait d'apercevoir l'ombre de la veille, elle venait de se faufiler derrière la maison de Marie. Fidèle à ce qu'il était, il s'approcha de la-dite maison pour tirer cette histoire au clair. Mais alors qu'il allait arriver à l'angle, ses pieds décollèrent du sol et deux yeux rouges se posèrent sur lui. La créature qui le tenait semblait tout droit venu d'ailleurs, ses yeux rouges, ses griffes au bout de ses longs doigts et surtout, elle n'avait pas de visage. Seulement deux yeux qui flottaient au milieu du vide. Elle portait une longue cape noire. François lâcha un hurlement de terreur. En sueur, il se réveilla dans son lit, le souffle coupé. Ce rêve qu'il venait de faire... Ce n'était pas un simple rêve ! Son torse gardait la trace d'une mince griffure laissée par la créature onirique. Mettant machinalement son collier, il partit se passer un peu d'eau froide et prendre l'air afin d'oublier ce mauvais cauchemar.
Mardi matin, l'image du monstre de cette nuit restait ancrée dans l'esprit du jeune garçon. Respirant un grand coup, il ne voulut pas inquiéter ses parents et fit comme si de rien n'était. Cependant, Henry comprit que son frère lui cachait quelque chose et ce dernier réussit à lui tirer les vers du nez. S'attendant à une moquerie de la part de son frère, François fut étonné de voir que le cadet de la famille avait déjà ressenti plusieurs fois cette même expérience et cela depuis plusieurs années. Selon lui, plus le temps passait et plus les cauchemars devenaient désagréables et récurrents. Pas très rassuré, l'aîné avala son petit déjeuner et sortit rejoindre Marie qui l'attendait dehors. Cette dernière semblait avoir mal dormi elle aussi mais lorsque François voulut aborder le sujet, la jeune fille éluda la question. Malgré cela, le voyage se déroula comme prévu et les quatre compagnons se retrouvèrent à l'entrée de leur école. Tout d'un coup, les quatre amis s'exclamèrent d'une seule voix :
- Il faut que je vous raconte le rêve que j'ai fait cette nuit !
Ébahis, ils se regardèrent un instant avant d'entendre la sonnerie leur indiquant que leur cours allait commencer. Ils se mirent d'accord pour repousser la suite de cette discussion à la pause du midi. Une matinée comme les autres, des cours ennuyeux suivis de cours encore plus ennuyeux. Midi, l'heure de la délivrance arriva enfin et les quatre amis se réunirent à une table pour reprendre leur discussion interrompue tout en déjeunant.
- Marie, raconte-nous d'abord ce que tu as vu.
- Si vous voulez... J'ai vu une étrange créature, un être avec...
- De longues griffes à chaque doigts ? reprit Jeff.
- Une longue cape noire ?
- Et deux yeux rouges ! acheva François. Je crois que l'on a tous rêvé de la même chose... Mais le plus étonnant, c'est que cette créature m'a attaqué et regardez par vous-même !
Il déboutonna les premiers boutons de sa chemise, laissant apparaître les fines griffures et le collier qu'il portait autour du cou. Chacun d'eux restait étonné face à ce qu'ils avaient devant les yeux. Comment une créature onirique pouvait-elle laisser des blessures dans le monde réel ? Et apparemment, François avait été le seul à avoir été en confrontation direct avec le monstre. Tout ceci devenait de plus en plus étrange. Était-il en train de devenir dingue ? Ce fut alors Marie qui prit la parole.
- Vous savez, tout ceci me rappelle une histoire que j'ai lue il y a plusieurs années. Un monstre cauchemardesque avait la capacité de voyager dans les rêves des gens pour se nourrir de leur peur. Mais un groupe de personnes appelés les Glisseurs ont développé la capacité de «glisser» de rêve en rêve et d'en modeler le contenu. Grâce à eux, le monstre fut enfermé dans l'Entre-deux-Monde, le lieu qui sépare rêve et réalité.
- Et tu penses que cette histoire est...vraie ? s'étonna Jeff.
Et ce fut sur cette question sans réponse que les quatre élèves repartirent en cours avant de finalement rentrer chez eux. Sur le chemin du retour, les quatre adolescents ne purent s'empêcher de se questionner à propos de l'histoire de Marie et du cauchemar qu'ils avaient fait la nuit dernière. Puis Jeff et Lionel partirent chacun de leur côté laissant les deux autres seuls. Au bout de plusieurs minutes, Marie prit la parole : - Je ne pouvais rien dire devant les autres mais si on ne fait rien, la créature risque de créer de réels problèmes !
- Mais de quoi est-ce que tu parles ? Puis François comprit. Non, attends, tu n'es pas sérieuse ! Tu penses vraiment que ce monstre est le même que celui de ton histoire. Mais c'est n'importe quoi !
- François, ce n'est pas une histoire, c'est une réalité. Les Glisseurs ont existé et ont combattu ce monstre. D'ailleurs pour se reconnaître dans ce monde, chaque Glisseur possède un collier, le même que celui que tu as autour du cou !
-Et comment, tu sais tout ça ? demanda le garçon, dubitatif. - Parce que je suis une descendante d'un Glisseur, tout comme toi ! dit-elle en faisant apparaître un collier semblable à celui de François qu'elle gardait dans sa poche avant de reprendre. De plus, seul un Glisseur peut garder une trace réelle d'une blessure onirique. Lors de la glisse, notre esprit fait ressentir au corps ce qu'il vit en rêve.
- Et donc c'est à nous, deux pauvres adolescents de combattre une créature maléfique qui menace de détruire nos rêves...
- Malheureusement car seuls des enfants ont l'imagination nécessaire pour pouvoir glisser. Mais si on glisse, on va devoir se montrer très prudent !
- Pourquoi quel est le problème ? demanda François visiblement perdu.
Mais les deux enfants arrivèrent devant chez eux et durent se séparer. Ils convinrent en revanche de se donner rendez-vous après manger afin de tirer toute cette histoire au clair. Se rappelant que seuls les enfants qui descendaient des Glisseurs pouvaient avoir ce don particulier et ne pouvant cacher cette histoire à son frère, François raconta toute l'histoire à Henry qui finit par l'accompagner chez Marie après le repas. Cette dernière leur ouvrit la porte et les fit entrer. Haussant les sourcils en voyant la personne qui accompagnait son ami, la jeune fille ne voulait pas se faire remarquer et préféra ne rien dire pour le moment. La maison était décoré de façon sobre, quelques meubles, une bibliothèque où trônait une vingtaine de livres. La chambre de Marie était la seule pièce où l'on pouvait sentir l'empreinte de la personne qui y passait son temps. Les cours soigneusement rangés dans un coin sombre de la chambre, quelques posters sur les mur, une armoire remplie de vêtements et deux grandes étagères remplies de livres des romans plus ou moins fantaisistes pour la plupart. Une fois la porte fermée, elle se mit à crier :
- C'est qui lui ? Et pourquoi tu l'as amené ?
- Je te présente Henry et c'est mon frère. Comme tu as dit que les descendants de Glisseurs pas encore adultes pouvait glisser, j'ai pensé à lui. Il est déjà partant pour nous aider.
- Tu ne comprends pas ! s'emporta la propriétaire de la pièce. Ce n'est pas un jeu ! Si cette créature nous tue dans le monde des rêves, nous mourrons dans notre monde. Je t'ai dit que notre esprit est une passerelle entre le réel et l'onirique et que tout ce qui affecte notre esprit affecte également notre corps !
- François, je veux pas mourir ! lui supplia Henry.
- Ne t'inquiètes pas, petit frère, je te protégerai.
- Puis, ce n'est pas l'unique préoccupation, reprit Marie. Glisser de rêve en rêve n'est pas simple car même si on contrôle le lieu d'arrivée, on ne peut décider de la durée de notre séjour dans le rêve d'autrui. Ce laps de temps imposé par le rêve s'appelle le «champ onirique» et si on le rate, on reste piégé du rêve jusqu'au réveil de son créateur. Et là...
- Quoi ? Qu'est-ce qui se passe après ? demandèrent les deux frères.
- L'esprit du Glisseur se retrouve piégé dans l'Entre-deux-monde à errer éternellement.
- Attends, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment peut-on connaître notre champ onirique lorsqu'on glisse dans un rêve ?
- Tu te rappelles que je t'avais dit que nous pouvons modeler le contenu des rêves ? Il te suffit donc de créer un objet qui t'indiquera le champ onirique. Il faut toujours y jeter un œil car le champ onirique dépend de la condition de sommeil du dormeur et peut varier durant notre séjour dans le rêve en fonction de son état et nu notre aussi. D'autres questions ?
- On commence quand ? demanda François. Ils décidèrent de faire leur première glisse le lendemain afin de leur permettre de gérer toutes ses informations et de prendre une décision qu'ils ne regretteraient pas. Les deux garçons rentrèrent alors chez eux et se couchèrent presque immédiatement. Cependant, François n'arriva pas à trouver le sommeil avant plusieurs heures. Toute cette histoire était si effrayante mais si extraordinaire à ses yeux que son excitation l'empêchait de fermer l’œil. Heureusement, cette nuit fut sans cauchemar pour lui et il put prendre un repos bien mérité.
Mercredi matin, la bonne nouvelle était que les cours n'avaient lieu que le matin et cela permettait donc au petit groupe d'amis de se réunir l'après-midi. Par chance, le plus jeune cousin de François, Marc était invité à passer la journée chez son cousin par les parents de l'adolescent. Marc était le dernier fils de son oncle décédé, celui qui lui avait confié le fameux collier il y a plusieurs années. Un allié de plus dans leur chasse à la créature onirique... Mais Lionel et Jeff étaient présents et il était hors de question pour les nouveaux glisseurs de trahir leur secret. En tout cas, le groupe passa une très bonne après-midi à rigoler devant les pitreries de Lionel et les blagues de Jeff. Mais le sujet revint inévitablement vers la créature cauchemardesque et ce fut Lionel qui relança le sujet :
– Vous savez, j'ai encore rêvé de la créature la nuit dernière ! C'était particulièrement effrayant. J'avais l'impression qu'elle me vidait de l'intérieur...comme si elle se nourrissait de quelque chose qui m'appartenait ! – C'est bizarre, pour ma part, je n'ai fait aucun rêve hier ! s'étonna François.
– Et ben, tu as eu bien de la chance car moi aussi, je l'ai vu cette créature, reprit Jeff. Et même si je n'ai pas vécu la même expérience que Lionel, c'était pas très agréable...
– Moi aussi j'ai fait un cauchemar avec une sorte de créature effrayante mais j'ai réussi à ne pas me laisser dominer par cette chose, expliqua Marc d'une voix calme.
– Et comment tu as fait ? demanda Lionel visiblement intéressé.
– Mon père m'a expliqué qu'avec de la volonté, on peut réussir à dompter ses rêves et à les contrôler. Il dit même que c'est un don particulier que possède notre famille. Vous devriez essayer, peut-être que vous pourrez aussi y arriver ! s'exclama-t-il joyeusement en s'adressant à ses deux cousins.
Il ne faisait donc aucun doute que Marc était un Glisseur. S'il avait réussi à modeler son rêve de sorte à combattre la créature, il y avait encore un espoir pour la vaincre définitivement ou au moins la renvoyer dans l'Entre-deux-Monde. Il fallait donc s'arranger pour que Marc puisse rester chez ses cousins pour le reste de la semaine. Ce ne fut pas trop difficile car le jeune homme était en vacances et les parents des deux familles finirent par céder aux supplications de leurs enfants respectifs. La journée était sur le point de se terminer et Lionel ainsi que Jeff durent rentrer chez eux. De plus, les parents de François avaient invité les voisins pour faire connaissance avec les parents de la nouvelle amie de leur fils aîné. Voilà qui arrangeait bien les affaires des adolescents. Après le repas, les enfants s'éclipsèrent afin d'expliquer la situation à Marc et balayer son incrédulité par la même occasion. La tâche fut moins dur que ce qu'il avait cru et le moment tant attendu arriva enfin. Il était l'heure de se mettre au lit. Il fut convenu que Marie viendrait les voir à tour de rôle afin de leur expliquer le principe de la glisse et comment le contrôler. Cette dernière finit par rentrer chez elle et leur demanda d'attendre qu'elle les appelle avant d'aller se coucher. Pas très rassurés, les garçons partirent dans leur chambre respective lorsque le téléphone se mit à retentir dans la maison. Ils eurent beaucoup de mal à s'endormir et ce fut François qui s'endormit le premier. Cette nuit, le jeune homme faisait le rêve le plus agréable de sa vie. Il était dans un parc, allongé au soleil, en train de profiter de son temps libre. Puis il se rendit compte qu'il n'était pas seul. Marie se trouvait non loin de lui, adossé à un arbre, en train de lui sourire. Se laissant guider par son rêve, il avança vers l'adolescente en souriant de façon un peu idiote. Ce fut à ce moment-là qu'il sentit que quelque chose venait de changer comme si quelqu'un essayait de traverser la bulle protectrice qui l'entourait. Mais la sensation était loin d'être désagréable et il vit apparaître près de Marie un portail aux contours argentés. De cet étrange passage sortit une seconde Marie qui semblait plus sérieuse que celle qui se trouvait près de l'arbre. Balayant du regard, le lieu où elle se trouvait, elle se mit à rigoler doucement tout en avançant vers le jeune homme.
– Alors c'est comme ça que tu m'imagines ?
Gêné, François se mit à rougir et l'image factice de la jeune fille s'évanouit instantanément. La Glisseuse continua de s'approcher du jeune homme puis le gifla de toutes ses forces. Ce dernier ne put réprimer le cri de douleur qui se mit à résonner dans le parc onirique. Puis soudain, tout lui sembla plus clair. La glisse, la créature, tout lui revint subitement en tête... Mais son côté impulsif prit le dessus sur sa réflexion et il se mit à crier sur la jeune fille :
– Mais t'es dingue ! Pourquoi tu m'as frappé ?
– Pour que tu reprennes tes esprits, idiot ! Tu n'as pas encore assez d'expérience pour te détacher de ton rêve et la meilleure méthode pour ça...
– C'est de me gifler de toutes tes forces, c'est ça ? La coupa sèchement le jeune homme.
– Allez, fais pas la gueule ! On a autre chose à faire, tu crois pas ! répliqua la jeune femme.
– T'as raison... Alors on fait quoi maintenant ?
– Je vais t'apprendre à manipuler les rêves puis à glisser à proprement parler.
La jeune femme jeta un coup d’œil à la montre qu'elle portait au poignet. Cette dernière affichait une sorte de compte à rebours. De cette façon, elle pouvait savoir précisément le champ onirique du rêve où elle se trouvait. Apparemment, il lui restait encore une demi-heure. Heureusement, contrôler son rêve ne fut pas très difficile pour l'adolescent. Il créa rapidement une montre-minuteur même si cela était inutile lorsque l'on se trouve dans son propre rêve. Mais la seconde partie de ce cours particulier allait lui donner plus de mal. Marie partit rendre visite à un autre Glisseur, laissant François s'exercer seul sur la création d'un portail stable pour glisser. Pendant ce temps, Marie entraînait les autres après avoir distribué les claques. Ce fut Henry qui eut le plus de mal à prendre du recul sur son monde onirique et le réveil allait sûrement être douloureux pour lui le lendemain. Au bout d'une pleine nuit d'entraînement, chacun des apprentis Glisseurs apprirent à maîtriser leur don particulier. Puis vint l'heure du dernier test. Leur but, réussir à glisser dans le rêve de Marie. Première chose, se concentrer sur le rêve d'arrivée. Une fois cette image en tête, tenter de projeter son esprit vers l'endroit visée pour créer une sorte de pont entre les deux rêves. Enfin, matérialiser le portail qui allait fixer ce pont pour permettre la glisse. Pour François, ce ne fut pas une mince affaire et il ne réussit à créer un portail qu'au bout de plusieurs minutes. Sans aucune hésitation, il traversa le portail. Et lors de ce voyage entre les rêves, il comprit pourquoi cela portait le nom de «glisse». Il se sentait si léger qu'il avait l'impression de dériver, flottant à la surface de l'eau ou de se laisser lentement glisser sur une piste enneigée. Puis ce fut la fin du voyage et il s'effondra sur le sol. Se relevant rapidement, il observa les lieux pour se rassurer. Un petit bip s'échappa alors de la montre. Le champ onirique était de 10 minutes, largement assez pour visiter. Il se trouvait au milieu d'un petit village, aucun bruit, rien. Il vit alors Marie au centre, assise au bord d'une fontaine qui trônait au milieu de la place centrale. Lorsqu'elle l'aperçut, elle l'invita à le rejoindre :
– Bienvenue dans mon ancien chez-moi ! T'en penses quoi ?
– C'est un peu vide, non ? D'ailleurs, où sont les autres ?
– Pas encore arrivé ! Je t'avoue que je pensais que tu arriverais le dernier ! se moqua Marie en lui lançant un sourire.
Sur ces mots, Marc fit une entrée des plus spectaculaires en tombant dans la fontaine, éclaboussant les deux amis au passage. Rigolant devant la maladresse du jeune garçon, ils l'aidèrent à sortir de l'eau puis Henry arriva peu après. Au moins, ils avaient tous réussi à venir ! D'après leur montre-minuteur, il ne leur restait maintenant plus que 6 minutes pour repartir. Marie insista pour qu'il reparte immédiatement dans leur rêve immédiatement, afin qu'il ne soit pas bloqué dans le rêve de la jeune femme. Cette fois, ce fut Henry qui créa son portail en premier et donc rejoignit son propre monde onirique. Puis ce fut Marc qui rejoignit son rêve, laissant Marie et François seul. Ce dernier avait beaucoup de mal à se concentrer sous le regard de sa nouvelle amie. Il était intimidé et gêné. Il repensa au moment où elle avait débarqué dans son rêve. Ressentant la gêne de François, elle se mit à le taquiner un petit peu :
- Un problème ? lui demanda-t-elle en lui murmurant à l'oreille.
- Non...non...pas...du tout !
- Ben alors vas-y ! Ouvre un portail. Regarde, tu n'as plus que 3 minutes avant de rester piégé dans mon rêve ! A moins que ce soit ce que tu veux...
Marie lui déposa un baiser sur la joue ce qui fit rougir encore plus intensément le jeune homme. Puis sous cette poussée de joie, tout lui parut soudainement plus simple. Ce baiser l'avait plongé dans son monde, l'enfermant dans sa bulle et il sentait son imaginaire partir au quart de tour. Ce fut sans aucun problème qu'il ouvrit un portail sous le regard amusé de la jeune femme. Avant de le laisser partir, elle déposa un second baiser sur la joue de son ami puis elle le poussa dans le portail en lui criant :
- N'oublie pas de venir me chercher demain !
Jeudi matin, la joue de François fut douloureuse à son réveil mais cela n'était rien comparé à celle de son jeune frère qui était complètement rouge et très sensible. Même le vent effleurant sa joue lui faisait tirer une grimace. Si sa joue n'avait pas gardé la marque de la gifle qu'il avait reçu, François aurait presque cru que tout ceci n'était qu'un unique rêve créé par son cerveau. Encore dans le brouillard, il maudit intérieurement son cousin qui faisait la grasse matinée. Une fois bien réveillé et habillé, il partit se préparer son petit-dèj. La tête dans les nuages, il repensait au baiser de Marie dans son rêve. Ressentait-elle la même chose que lui ou faisait-elle cela uniquement pour le taquiner et pour le mettre dans l'embarras ? Il fallait dire que la question méritait de se poser vu le caractère farceur de la demoiselle. D'ailleurs, cette dernière l'attendait devant chez lui. Avalant son petit-déjeuner sans attendre et saluant rapidement ses parents, il partit la rejoindre. Sur le trajet pour aller en cours, François n'eut pas le courage d'aborder le sujet du rêve de la veille. Quant à Marie, elle fit semblant de l'ignorer en arborant un sourire moqueur. Journée routinière pour les quatre amis, le seul fait notable était qu'aucun d'eux n'avait vu la créature cauchemardesque. Cela n'inspira rien de bon pour les Glisseurs. De plus, Rémi, le pire idiot que François n'avait jamais connu et comme par hasard, ce garçon était une brute qui avait une dent contre le trio. Et l'adolescent stupide ne manqua pas l'occasion de voler la montre de Lionel qui ne manqua pas de se venger en faisant la farce habituelle du seau au-dessus de la porte entrebâillée. Puis vint la fin de la journée et les amis rentrèrent chacun chez eux. François et Marie convinrent de se retrouver directement dans le rêve attaqué par la créature. Le jeune garçon expliqua alors le plan au reste de sa famille. Puis vint le moment d'aller se coucher et donc d'affronter pour la première fois la créature dangereuse. François arriva dans un rêve particulièrement angoissant, il était poursuivi par Rémi qui finit par se transformer en la créature terrifiante. Dans un élan de courage, il fit face à la créature et prenant tout d'un coup conscience qu'il rêvait, fit apparaître une épée et trancha en deux son ennemi qui disparut sous l'impact. Il matérialisa alors un fourreau et y rangea son épée. Le temps de créer une montre-minuteur, François se concentra sur sa nouvelle tâche : retrouver la trace de la créature dans le monde des rêves. Une fois cela fait, il dut s'y prendre plusieurs fois avant de réussir à créer un portail vers le rêve en question. Cette fois, il arriva en avant-dernier et le champ onirique était cette fois de 45 minutes. Ayant encore fait un mauvais atterrissage, il se releva en examinant les alentours. Tout était sombre et le tonnerre grondait dans le ciel, aucun doute la créature devait être dans le coin. Il vit alors Marie et Henry l'attendre en haut de la colline. Ils étaient en train d'observer la créature qui s'attaquait à un jeune garçon qui avait environ 10 ans. Encore une fois, ce fut Marie qui prit la parole pour étaler son savoir :
- La créature doit sûrement traquer les Glisseurs et penser que ce jeune garçon en est un !
- C'est vrai que comme nous sommes les seuls à pouvoir la combattre, pas étonnant qu'elle nous pourchasse ! répondit Henry.
- En fait, il y a une autre raison au fait qu'elle nous pourchasse. Si la créature nous absorbe comme elle le fait pour un cauchemar, elle pourra récupérer notre capacité unique et pour glisser jusqu'au monde réel.
- Et c'est que maintenant que tu nous le dis ! s'exclama l'aîné des deux frères.
Marc arriva enfin pour couper la discussion au bon moment. Henry partit l'aider à se relever et l'amena vers le reste du groupe. Les Glisseurs décidèrent donc d'aller secourir le jeune garçon ou pour être plus exact-selon Marie- la projection de son esprit dans le monde des rêves. François s'arma de son épée, Henry fit apparaître une lance après plusieurs essais. Marc quant à lui fit apparaître un arc avec des flèches tandis que Marie se mit à embraser ses mains. Cette fois, ce n'était pas un minable petit cauchemar créé par François mais un monstre bien réel. Se jetant au corps à corps, François et Henry tentèrent de détourner son attention pour permettre à leurs coéquipiers de le blesser avec leurs attaques à distance. Esquivant les coups de griffes, Henry eut l'idée de faire apparaître un bouclier pour se protéger des attaques. Mais durant cette manœuvre, il était à découvert. François eut alors la brillante idée de matérialiser une image de Rémi qui disparut en un coup de griffe mais qui permit au moins de protéger son frère. Leurs attaques avaient au moins le mérite de blesser le monstre mais ce dernier semblait se régénérer au bout de quelques secondes. Ils décidèrent donc de reculer provisoirement afin de mettre en place une nouvelle tactique.
– Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Nos attaques sont inefficaces, il ne cesse pas de se régénérer.
– Marie, dis-moi que tu sais comment l'enfermer à nouveau dans l'Entre-deux-monde !
– En théorie, oui. Il suffit juste de l'affaiblir suffisamment pour pouvoir ensuite créer une passerelle, une sorte de portail particulier qui relie le monde onirique à l'Entre-deux-Monde.
– C'est vrai que dis comme ça, c'est très simple ! Mais comment tu sais tout ça ? demanda François.
– Je pense que ce n'est vraiment pas le moment d'en parler ! s'exclama la jeune femme en esquivant un coup de griffe.
Le second round fut aussi inefficace que le premier et les Glisseurs étaient à bout de force. Soudainement, deux nouveaux portails se formèrent devant le groupe et deux nouvelles personnes en sortirent. Un garçon qui avait environ 12 ans et une jeune fille de 17 ans. Ce renfort inattendu permit au groupe de souffler un peu avant de partir prêter main-forte aux deux nouveaux glisseurs.
- Mais en fait, vous êtes qui ? demanda François tout en tranchant une paire de griffes.
- Mon nom, c'est Gaël mais là il nous reste plus beaucoup de temps. On ferait mieux de partir !
- Il a raison ! Il nous reste 2 minutes avant la fin du champ onirique ! leur cria Marc au loin. Venez, je vous couvre ! Marie, aide-moi !
Pendant qu'ils étaient en train de se replier, protégés par Marc et Marie, Henry ouvrit un portail dans lequel tous les Glisseurs s'engouffrèrent sans hésiter. En sécurité dans le rêve d'Henry, le groupe put enfin prendre le temps de faire le point sur la situation.
- Tout d'abord, merci de nous avoir sauvés mais vous êtes qui ?
- Je me présente, je m'appelle Natasha et tout comme vous, je suis une Glisseuse.
- C'est pas comme si on s'en doutait... murmura Marc avant de prendre un coup de coude dans le ventre par Henry.
- Et moi, je suis Gaël. J'ai rencontré Natasha il y a quelque temps alors qu'on traquait la Bête et ce soir, on comptait l'attaquer à nouveau. C'est comme ça qu'on est tombé sur vous !
- Ben on vous doit une fière chandelle ! Sans vous, je crois que l'on ne donnait pas très cher de notre peau ! les remercia François. On devrait peut-être se présenter, non ? Je m'appelle François, voici mon frère Henry, mon cousin Marc et mon amie, Marie !
- Salut à vous tous ! saluèrent les deux nouveaux venus en cœur.
- Bon, je pense que l'on a eu assez de sensations ce soir et que l'on devrait attaquer le monstre demain ! proposa Henry.
- Sûrement pas ! Avec eux, on a toutes les chances de notre côté pour réussir ! répliqua le frère aîné.
- Je pense que ton frère a raison, reprit Natasha. Et puis ce soir, vous pourrez vous entraîner à dompter votre esprit. Contrairement à Gaël, à Marie ou à moi, vous manquez cruellement d'entraînement ! En même temps, ça se voit que vous avez expérimenté la glisse que très récemment. Bon, rendez-vous dans le rêve d'Henry demain à 23h, on partira chasser la Bête tous ensemble. En attendant, entraînez-vous bien !
Après une bonne dose de sensations fortes, le groupe se sépara pour s'entraîner dans son propre monde onirique, là où le champ onirique est illimité et qu'il n'y a aucun risque de perdre son esprit. François qui contrôlait très bien les rêves et pouvait faire apparaître presque n'importe quoi issu de son imagination, passa la plus grande partie de la nuit à créer des portails entre les rêves pour enfin maîtriser cette exercice qui était difficile pour lui. Un portail s'ouvrit alors non loin de lui et Marie en sortit, souriante et jolie. La saluant de la main, le jeune homme ne voulait pas se déconcentrer et matérialisa quelques secondes après un nouveau portail. Des petits applaudissements virent alors à ses oreilles.
– Bravo, tu t'en sors bien ! s'exclama la jeune femme.
– Tu es venu pour te moquer de moi encore ? questionna François calmement.
– Seulement si c'est ce que tu veux ! Lui susurra-t-elle à l'oreille.
– Tout ça ne m'amuse pas ! s'écria le jeune homme en s'éloignant de Marie.
– Roh, excuse-moi. Allez, dis-moi, c'est quoi le problème ? demanda-t-elle.
– C'est encore un moyen pour te moquer de moi, hein ? demanda-t-il à son tour en soupirant.
– Tu me vois vraiment comme ça ? Tu sais, je sais me montrer gentille quand je veux ! répondit l'adolescente d'une voix tendre avant de lui déposer un baiser sur la joue.
– Ben...euh...c'est...que...
Le jeune garçon se trouvait si stupide de perdre ainsi ses mots à cause de sa timidité puis il se reprit. Il lui fallut néanmoins plusieurs minutes pour ne plus balbutier et le regard compréhensif de la jeune femme.
- Ce soir, j'étais persuadé que l'on allait vaincre cette créature et que tout finirait bien et résultat, on en est au même point et je me rends compte que je ne suis qu'un boulet que vous autres devez traîner ! cria le jeune garçon sous l'effet de la colère.
- Tu sais, on ne peut pas être le meilleur à quelque chose que l'on connaît à peine et puis, je trouve que tu t'en es très bien sorti moi pour une première fois. Surtout le moment où tu t'es servi de cet idiot fini comme bouclier pour vous protéger, toi et ton frère. C'était...ironique ! finit-elle avant de rigoler suivie par son ami.
Il fallut plusieurs minutes aux deux enfants pour se calmer et reprendre leur calme. François en finit même par oublier tout ses soucis et Marie qui avait eu l'habitude de se cacher derrière son masque cynique et moqueur osait enfin se dévoiler à quelqu'un. Une personne qu'elle considérait comme un ami et même plus encore. Tout était trop beau pour le jeune homme qu'il finit par se demander si Marie n'était pas une projection de son esprit finalement. Lorsque le jeune homme lui posa la question, il reçut une bonne gifle sur la joue puis Marie lui demanda si une projection de l'esprit aurait eu le courage de le gifler. Les deux ados étaient maintenant très proches l'un de l'autre et leurs lèvres se rapprochèrent de plus en plus. Au moment où ils allaient s'embrasser, le minuteur de Marie se mit à sonner. Il affichait 30 secondes. Elle créa un portail vers son rêve et avant de partir, elle se tourna vers François :
- Alors t'as fait de beaux rêves ? Puis elle murmura plus bas. Merci...
Vendredi matin, le réveil fut difficile pour la plupart des Glisseurs, les membres endoloris par le combat de la nuit, la fatigue mentale à s'être entraîné jusqu'au réveil. François arborait quelques bleus sur le torse et le bras gauche. Henry était tellement fatigué qu'il n'avait pas eu le courage de se lever. Leur père, Sergio, crut qu'il était malade et fit venir le médecin. Marc toujours en train de dormir, profitait de ses vacances au détriment de ceux qui étaient encore en cours. Une fois prêt, le frère aîné d'Henry partit rejoindre Marie qui l'attendait. Cette dernière arborait une sourire rayonnant et lorsque le jeune homme voulut lui faire la bise, cette dernière se décala afin d'embrasser le garçon sur les lèvres. Tout d'abord étonné, il n'hésita qu'une seconde avant de se laisser faire. Au bout de plusieurs minutes qui parurent trop courtes pour les deux amoureux, leurs lèvres se séparèrent et se décidèrent enfin à faire le trajet pour aller à l'école, main dans la main.
- Je voulais te remercier pour m'avoir remonté le moral hier, dit François pour briser le silence.
- De rien, je ne voulais pas te laisser te morfondre ! Puis, on peut pas dire que c'était une corvée ! lui répondit-elle en souriant.
- C'est étonnant de voir à quel point tu as changé en une semaine avec nous ! s'exclama le jeune homme.
Le trajet se déroula sans problème et malgré les quelques félicitations de Lionel et Jeff pour les deux amoureux, la journée se passa agréablement enfin pour une journée de cours. Rémi avait eu le courage de venir en cours de sport et pour une fois, l'idiot de la classe laissa tranquille François et ses amis. Le nouveau couple ne se quittait plus et tout le monde fut rapidement au courant. De ce fait, Marie et François qui n'avaient pas l'habitude d'être ainsi observé, commencèrent à se sentir mal à l'aise et apprécièrent doublement la sonnerie qui annonçait la fin des cours. Ce soir, c'était le début du week-end, le meilleur moment pour partir à la chasse au créature dangereuse. Les deux amis de François allaient devoir attendre avant de pouvoir passer leur week-end ensemble. De plus, sa nouvelle situation avec Marie lui offrait l'alibi idéal. Comme d'habitude, le groupe se sépara rapidement, cette fois sous les piques gentilles des deux célibataires. Les deux amoureux se retrouvèrent enfin seul et purent enfin parler tranquillement sans craindre les regards ou les oreilles indiscrètes. Planifiant surtout leur plan d'attaque contre la créature, il débattait sur leur chance de réussite à bloquer à nouveau la créature. Néanmoins, les deux tourtereaux ne purent s'empêcher de se glisser deux trois mots doux avant d'arriver dans leur quartier. Soudainement, les deux adolescents virent alors une ombre se déplacer rapidement de la maison au coin de la rue à la maison abandonnée qui se trouvait sur la rue juste en face. François repensa alors à l'ombre qu'il avait vu le dimanche soir, cette ombre qui quittait la maison de Marie. Cela lui donna la chair de poule. Pour lui, tout ceci cachait quelque chose de louche. Ne voulant pas effrayer sa nouvelle petite amie, il l'embrassa avant de lui donner rendez-vous dans son rêve un peu avant 23h. Ce soir, Marc avait décidé de préparer le repas et pour une fois, toute la famille put manger un repas décent et comestible sans effet secondaire dérangeant. Le reste de la soirée se passa sans encombre à part les deux trois moqueries de Henry sur la nouvelle petite amie de son frère aîné mais rien de bien important. Avant d'aller se coucher, ils avaient pensé à utiliser des somnifères afin de prolonger leur rêve plus longtemps. Malheureusement, ils se rappelèrent que prendre un tel médicament plonge celui qui le prend dans un sommeil sans rêve. Impossible donc d'utiliser un quelconque médicament. Il allait devoir faire sans. Chacun partit donc se coucher et à l'heure dite, tout le monde se retrouva dans le rêve d'Henry, prêt à en découdre une bonne fois pour toutes avec la Bête comme l'appelait Natasha et Gaël. Prenant leur précaution, ils créèrent leurs armes avant de partir afin de pouvoir se concentrer pleinement sur l'action et le combat. François avait une épée dans la main droite, laissant sa main gauche libre afin de créer rapidement quelque chose en combat. Gaël et Marc avaient chacun un arc et un carquois remplis de flèches de toutes sortes. Natasha utilisait une arme singulière, deux lames courtes reliées ensemble par une chaîne. Puis enfin Marie avait opté pour son habituel feu qu'elle créait au fil de ses envies. Ce fut Henry, armé de sa lance et couverts par des pièces d'armures, qui ouvrit le passage. De tous les Glisseurs, il était le plus doué pour créer un portail entre les rêves. D'ailleurs, pour emprisonner la Bête dans l'Entre-deux-Monde, c'était lui, Marie et Gaël qui devait former le portail pour y jeter le monstre. Le moment était à l'action et le groupe traversa le vortex pour glisser jusqu'au rêve attaqué par la créature. Le même décor chaotique attendait les Glisseurs à la sortie du portail. L'origine de tous ces maux était devant eux, la créature cauchemardesque toujours égale à elle-même sauf que cette fois, trois adolescents se trouvaient à côté d'elle, se plaçant en barrage entre les Glisseurs et leur cible. Le plus vieux d'entre eux prit alors la parole :
- On ne vous laissera pas blesser grand-père René ! Si vous voulez le vaincre, il faudra d'abord nous passer sur le corps !
- Mais c'est quoi cette histoire ? demanda Marc à Marie.
- Comme si j'en savais quelque chose... Mais vu comment réagissent ces enfants et leurs armes, je pense que ce sont des Glisseurs !
- En effet, reprit la seule fille qui faisait partie les nouveaux Glisseurs, et on vous laissera pas faire de mal à notre grand-père !
- Mais je vois personne d'autre ici, à part cette...chose ! s'interrogea Henry.
- Et ben, cette chose comme tu dis, c'est notre grand-père et je ne te permettrais pas de lui manquer de respect ! s'exclama le dernier des trois.
- C'est bon, calme-toi, Tommy, de toute façon, on est là pour les empêcher de faire mal à papy René ! reprit la fille.
- Bon Laure, je te laisse les deux filles et toi, Al, je te laisse le mec à l'épée et celui avec la lance, moi je me charge des autres ! cria le dénommé Tommy avant de se jeter contre ses adversaires.
Laure, armée d'une simple épée, semblait peu expérimentée face à ses deux adversaires qui étaient très redoutables. Ne voulant pas la tuer, Marie et Natasha finirent par l'assommer avant d'aller aider les autres. Al quant à lui se battait avec les deux frères, malgré son infériorité numérique, il combattait ses adversaires avec acharnement, parant avec ses tonfas et déstabilisant parfois les deux frères. Cependant, il dut reculer face à l'aptitude de François qui lançait des éclairs de sa main gauche, protégé par son frère. Natasha prit sa place afin de permettre au cadet de rejoindre Marie afin d'ouvrir le portail. Tommy ressemblait à une bête assoiffée de combat, armé de son marteau, il frappa dans le tas, obligeant Gaël et Marc à reculer à chaque fois qu'ils essayaient de se mettre en position pour tirer. Le meilleur moyen pour se débarrasser du gêneur était de faire diversion. Marc se dévoua pour faire l'appât tandis que son équipier tira une flèche aveuglante au moment où le coup allait fracasser la tête de son compagnon. Le cousin d'Henry eut à peine le temps de bondir sur le côté pour éviter l'immense marteau de guerre qui tomba tout prêt de lui. Il frappa alors de toutes ses forces le jeune Tommy qu'il perdit connaissance lorsque sa tête heurta le sol. Gaël prit le temps de ligoter le jeune garçon avant d'aller rejoindre les deux autres qui s'affairaient à l'ouverture de la passerelle. Marc banda à nouveau son arc, décidé à couvrir les autres contre la créature. Cependant, même si Marc était prêt, le combat s'éternisait entre Al et ses deux adversaires. Puis, ayant marre d'attendre ses alliés, il tira une flèche paralysante sur l'ennemi qui s'effondra sur le sol. Enfin, le véritable combat allait pouvoir commencer. Natasha et François bondirent sur la créature, l'attaquant de tous les côtés à la fois tandis que Marc l'attaquait de loin en lui tirant des flèches explosives. De plus, le jeune archer en profitait pour regarder comment avançait la création de la passerelle. Pour le moment, il devait gagner du temps afin de permettre aux autres d'ouvrir le passage. Et dire que chacun d'entre eux risquait sa vie... A cette pensée, le jeune adolescent tira une nouvelle flèche explosive qui fit vaciller la créature. François passait son temps à trancher les griffes de la Bête afin de permettre à sa coéquipière d'avoir le champ libre pour le blesser. Le jeune épéiste jeta un coup d’œil à sa montre, le champ onirique restant était de 10 minutes, mais est-ce qu'ils allaient tenir jusque là et puis, comment feraient-il si les protecteurs de la créature se réveillaient ? Tranchant à nouveau deux griffes qui venaient de repousser, il aperçut alors la flèche verte se planter dans le bras de la créature. Le signal... la passerelle était enfin ouverte ! Les renforts ne tardèrent pas à arriver, une fois la passerelle ouverte, il ne suffisait plus que d'une personne pour garder le passage ouvert pour une durée de 2 minutes selon Marie. Celui qui s'était dévoué n'était autre qu'Henry et ce fut avec une joie non dissimulée que François vit Marie lancer ses flammes sur la créature qui se mit à hurler de rage et de douleur. Tout semblait se passer pour le mieux, même si la créature se débattait, elle restait sous contrôle par les Glisseurs. Seulement, Al, Tommy et Laure s'étaient réveillés et se placèrent en bouclier pour la créature.
- Laissez notre grand-père tranquille ! C'est pas de sa faute s'il est comme ça, vous savez ! il s'est retrouvé piégé dans un rêve et son esprit a erré dans l'Entre-deux-Monde avant de prendre la forme de cette créature. Mais ce monstre est notre papy René, ne l'enfermez pas à nouveau comme l'on fait ses anciens amis ! sanglota Laure.
- La Bête est...votre grand-père ! Un Glisseur.... s'étonna François qui baissa alors sa garde.
Malheureusement, la créature sentit que sa fin était proche et dans un hurlement bestial, donna un grand coup de griffe qui projeta Al et Laure contre le sol mais Tommy fut transpercé par les griffes de la Bête qu'était devenu son grand-père. Il était mort sur le coup. Mais ce ne fut pas tout, l'erreur de François lui coûta très cher car à son tour, les griffes de la créature déchirèrent sa chair et le liquide chaud et vermeil se mit à s'écouler hors de son corps. La douleur était insupportable, il se sentait partir. Allait-il mourir maintenant ? Alors qu'il était sur le point de sauver le monde ? Alors qu'il avait enfin découvert l'amour et la fille de ses rêves ? Saledi matin, voilà comment toute cette histoire s'était passé et le dénouement n'était plus très loin maintenant. Il vit alors Marie en pleurs se précipiter vers lui, à essayer de le soigner tant bien que mal. Et même si elle était douée pour contrôler les rêves, l'émotion qui la submergeait lui faisait perdre tous ses moyens. Elle réussit au bout de plusieurs minutes à cicatriser la plaie profonde qu'avait laissé la créature mais le jeune garçon avait perdu beaucoup de sang. Pendant ce temps, le courage des Glisseurs semblait s'être évanoui et la créature semblait gagner du terrain. Il ne restait plus que 45 secondes avant la fermeture de la passerelle et 3 minutes avant la fin du champ onirique. Soudain, un missile frappa la gueule de la créature qui recula d'un pas en arrière. Puis un deuxième et un troisième atteignirent leur cible faisant à nouveau reculer l'ancien Glisseur devenu bête sans cœur ni sentiment. Les tirs provenaient d'une lance-roquette qu'utilisait Laure. On pouvait lire la peine sur son visage, la perte de son frère et la créature qui en avait été la cause, ce qui restait de son grand-père. Dans un dernier effort, les Glisseurs restants repoussèrent la créature et la jetèrent enfin dans la passerelle qui se referma derrière elle. Henry s'écroula sur le sol, épuisé par l'effort mental qu'il avait fourni. Ce fut Natasha qui ouvrit le portail vers le rêve de Marc et qui porta Henry pour la glisse. Le groupe fut suivi par Laure et Tommy qui ne savaient pas quoi faire d'autre. Une fois arrivé, tout le monde se précipita au chevet du blessé qui semblait en piteux état. Ce fut alors à ce moment-là que la projection de l'esprit de François disparut. Dans son lit, le jeune garçon eut du mal à respirer, sa poitrine était en feu et ses draps poisseux. Au moment où il voulut bouger, une main se posa sur son épaule pour le dissuader. Par réflexe, il voulut pousser un cri mais la main se déplaça alors sur ses lèvres pour lui intimer le silence. Trop faible pour résister, il se laissa faire et vit alors un homme assez âgé, environ la quarantaine. Il semblait étrangement calme face à la situation à laquelle il faisait face. Puis, il se rendit compte que ce visage et cette apparence de détachement lui rappelait quelqu'un mais sans savoir qui. Cet homme avait la même carrure que celle de l'homme qu'il avait aperçu plusieurs fois cette semaine. Ce dernier tira alors des bandages pour panser les blessures superficielles de l'adolescent. Cette sensation d'être en compagnie d'une personne proche, François savait qu'il avait déjà vu cette homme mais où ? Il comprit que son sauveur était plus qu'une ombre dans son vie mais une personne beaucoup plus proche.
Puis l'homme prit la parole :
- Cette jeune fille, Marie, a fait du bon boulot, même si tu es faible, tu éviteras le séjour dans une chambre d'hôpital.
Cet homme, cette voix, François put enfin remettre un nom sur cette homme qui se tenait à son chevet. C'était son oncle mort, enfin présumé mort. En réalité, il avait disparu sans laisser de traces juste après avoir remis le collier à son neveu. Mais la seule question qui dépassa les lèvres du blessé était la suivante :
- Mais comment as-tu su ce qui m'arrivait ?
- Et bien, je l'ai rêvé...
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