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 Siffler en travaillant (Ft. Ariel)

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Margaret Winchester

Margaret Winchester


Messages : 19
Date d'inscription : 13/07/2015

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MessageSujet: Siffler en travaillant (Ft. Ariel)   Siffler en travaillant (Ft. Ariel) I_icon_minitimeDim 23 Aoû - 15:19

Siffler en travaillant


“Vivre, c’est aider à vivre. Il faut créer d’autres bonheurs pour être heureux !”
Raoul Follereau


&

C’est avec entrain que Rita ouvrit la lourde porte en bois de l’orphelinat, malgré son poids manifeste.
À peine les rayons du soleil entrèrent ils en contact avec sa peau d’ivoire que disparu le gris de ses yeux derrière ses délicates paupières. Nonobstant le léger vent qui agitait ses cheveux il faisait très chaud cet après-midi là. Elle sourit. C’était la température parfaite.
Cette constatation faite elle rouvrit avec autant d’énergie ces petits yeux ; le travail n’attendait pas, il n’attendait jamais. Aussi ferma-t-elle avec fracas la si grande porte qu’elle avait jusque là tenu au bout de ses frêles bras et s’engagea-t-elle sur le chemin qui s’offrait à elle. parler de chemin pour la route qu’elle emprunta était sans doute exagéré, il s’agissait seulement d’un peu de terre au milieu d’une végétation dense et, visiblement, très peu entretenue, la route elle-même n’avait été dégagée par quelques jardiniers mais seulement désherbée par les jeunes gens qui, à l’instar d’elle-même, empruntaient inlassablement ce trajet à toute heure du jour.
Après avoir franchi la jungle en faisant attention à la robe blanche défraichie qu’elle portait elle se posa quelques secondes. Quiconque l’aurait observé à ce moment précis aurait pu remarquer son air de réflexion intense. À première vue elle ne savait pas encore où elle allait se diriger à présent. Chaque fois qu’elle se mettait en tête de ramener à manger ou de l’argent pour subvenir aux besoins de sa fratrie le rituel était le même, elle ne décidait de son terrain de chasse qu’une fois plantée là, au beau milieu de cette route déserte. Mais cette fois la réflexion fut plus longue qu’à l’accoutumée et ce fut, finalement, avec une mine renfrognée qu’elle se décida à sortir de sa méditation pour se mettre en route.

Ce qu’elle allait faire, ou plus exactement l’endroit où elle allait le faire, n’était pas, en effet, pour la mettre en joie, si bien qu’elle aurait pu en avoir la nausée s’il y avait eu quoi que ce soit dans son estomac qu’elle eut pu en expulser. S’il y avait bien un quartier de Fantasia qu’elle détestait par dessus tout c’était celui là. Cependant les loups, poussés par la faim, s’aventurent parfois hors du bois, et c’est exactement ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle avait examiné toutes les possibilités, elle avait tourné le problème dans tous les sens et elle n’avait visiblement pas d’autre choix. Il fallait qu’elle se fasse oublier du reste de la population de la ville, la prudence avait toujours été son maître mot, alors c’était là-bas ou nulle part, et elle avait promis de rapporter quelque chose…
Je ne vous cache pas qu’il lui fallu prendre son courage à deux mains mais elle avança, toujours avec la même étincelle de résolution dans le regard, d’un pas décidé, vers la place du château. Cependant dès qu’elle vu les bâtiments d’une opulente richesse se profiler à l’horizon elle ne put retenir un frisson.

Plusieurs raisons lui faisaient redouter l’endroit, il serait long et désagréable pour le lecteur de les exposer ici en détail.
Disons simplement que les gens d’ici n’étaient pas faits comme elle. Dans l’orphelinat où elle avait grandi on disait souvent que l’on faisait « contre mauvaise fortune bon cœur », il avait toujours semblé à Rita que l’inverse était tout aussi vrai. Du haut de ses douze ans elle était inexorablement convaincue que l’argent asséchait le cœur et qu’il suffisait d’en avoir pour n’avoir plus de bonté du tout. Ici il lui fallait se débattre pour gagner le moindre centime, faire des pieds et de mains pour obtenir un morceau de pain alors que les indigents offraient volontiers leurs chemises aux plus misérables qu’eux.
Elle avait même failli se faire dérober, une fois, le peu qu’elle avait. Alors qu’elle avait feint l’évanouissement au beau milieu de la chaussée – ne provoquant qu’indifférence aux alentours – un jeune garçon s’était faufilé jusqu’à elle, sans doute pour s’assurer qu’elle avait bien les poches aussi vides qu’elle le déclarait encore avant de sombrer dans l’inconscience. Elle s’était alors relevée d’un bond pour faire face à cet indiscret. En tant que demoiselle en partie élevée comme telle elle n’avait pas l’habitude de se battre, contrairement à ses frères, ce qui ne signifiait pas qu’elle n’était pas aussi capable qu’eux lorsqu’elle n’avait pas le choix. Elle s’était donc retrouvée face au garçon, l’air ébahi, la mâchoire tombante et le teint frais du petit garçon dorloté par sa petite maman, prête à en découdre. Visiblement le jeune enfant n’était pas aussi téméraire puisqu’il eut tôt fait de prendre les jambes à son cou. Mais pour Rita cette anecdote était la preuve, s’il en fallait une, que souvent les riches étaient bien plus dangereux que les pauvres.
Quoi qu’il en soit, comme nous l’avons déjà dit, elle n’avait pas bien le choix et elle continua son chemin sans ralentir.

Finalement son attitude changea notablement lorsqu’elle foula de sa démarche légère les pavés de la grand place. Soudainement elle prit conscience de ce qu’elle faisait là, qu’importe l’endroit travailler était toujours source d’une joie intense.
Enfin, elle s’arrêta quelques instants dans un coin tranquille. Adossée là, contre la porte bleu sombre d’une maison blanche, l’air aussi calme qu’angélique, la sympathie et la grâce irradiant de tout son être, on lui aurait donné le bon Dieu sans confession. Et pourtant c’était à une tâche peu orthodoxe qu’elle se livrait déjà.
En experte elle n’oubliait jamais le repérage. En tant que seule fille de sa « fratrie » elle était la seule à garder la tête sur les épaules, elle n’était peut être pas la meilleure dans l’art de l’appropriation des biens d’autrui mais elle était sans conteste la plus prudente d’entre tous.
En revanche s’il y a une chose dans laquelle elle pouvait se féliciter d’être passer maître c’était dans l’art de recevoir à titre gratuit. Le lecteur pourra se rendre compte de sa technique rapidement car déjà elle s’engouffrait dans un commerce.

En l’occurrence il s’agissait d’un antiquaire.
La première règle, pour un travail bien accompli, était d’éviter à tout prix les boulangeries, boucheries, maraîchers ou tout autre vendeur de mets comestibles ; ce n’était très certainement pas de la nourriture qu’elle cherchait, ce que l’on pourrait lui donner à manger, et qu’elle serait obligé d’engloutir sous les yeux pressants de ses bienfaiteurs d’un jour, aurait servi à la nourrir elle et ses frères une semaine durant.
Elle entra donc, l’allure soudainement modifiée, l’air triste, la mine épuisée elle se présenta à la vendeuse. Il s’agissait d’une femme d’un âge certain, les cheveux oscillant entre le blanc et le blond sans jamais réellement se décider, la silhouette corpulente qu’accentuait sa petite taille. À chaque fois l’histoire était sensiblement la même : elle demandait le prix d’un objet, qu’elle savait peu cher, et offrait un sourire peiné avant d’entamer son discours. C’était l’anniversaire de son frère dans quelques jours, elle était seule pour l’élever depuis la mort de leurs parents, elle aurait adoré lui faire plaisir mais, voyez-vous, il est difficile de subvenir aux besoins d’un enfant lorsque l’on n’est pas adulte soi-même. Et elle continuait ainsi quelques secondes… Là encore l’enchaînement des actions était toujours réglé comme du papier à musique : elle avait chaud, elle demandait un verre d’eau et un siège mais s’effondrait avant d’avoir pu atteindre l’un ou l’autre.

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